La société civile face à la sphère politique

19 janvier 2017

Dans le Grand Est, les représentants de la société civile se défient des hommes et des femmes politiques.

<<Dans le Grand Est, nos élus sont hors sol !>>, pensent très globalement les Alsaciens, les Lorrains et les Champardennais regroupés aujourd’hui dans la région Grand Est. Le constat est amer et les différents représentants des citoyens de base constatent qu’il y a de plus en plus de défiance entre le citoyen et la sphère politique. Ainsi un fossé se creuse entre le quotidien des citoyens et le monde politique régional. Face à cela, le CESER (conseil économique et social) seconde assemblée régionale qui regroupe les représentants du monde patronal, syndical et associatif et les Conseils de Développement (constituées de membres issus de la société civile et créés par les métropoles, communautés urbaines, d’agglomération, de communes etc), se lancent dans la constitution d’un “livre blanc”. Sorte “cahier de doléances” de la base citoyenne en direction des décideurs politiques.

Réunis à Metz et en cours de création d’un “livre blanc” destiné au public mais aussi aux élus régionaux, ces deux entités voulues et créées par la loi font le constat d’un déficit d’écoute des élus une fois que ces derniers sont aux manettes. Cette démarche est unique en France et le Grand Est est la première et seule région à voir ce genre de réaction de terrain. <<Notre démocratie a pris un coup dans l’aile>>, s’emporte Patrick Tassin, président du CESER. <<La multiplication d’actions comme les Indignés ou La Nuit Debout, montrent et expliquent pourquoi il n’y a plus qu’un quart de l’électorat qui se déplace aux élections. Le citoyen ne semble plus entendu par le politique une fois que celui-ci est élu. Ce dernier ne faisant alors plus que de la ‘gestionniste’ en oubliant même les promesses qu’il faisait lors de sa campagn !>>, ajoute-t-il.

Alerter avec un “livre blanc”

Dès lors, ces représentants des citoyens faisaient sept constats : Le système démocratique est en panne ; il y a multiplication des mouvements populaires ; l’on va vers la fin des partis politiques ; le politicien et globalement discrédité ; se développe une généralisation de l’incompréhension de l’autorité ; il y a une évolution de l’éducation politique du citoyens plus informé aujourd’hui et, enfin, l’outil numérique devient l’un des nouveaux outils de la démocratie.

Face à cela, les deux instances s’interrogent pour confectionner ce “livre blanc” qui sortira en septembre 2017 de savoir quels sont les vecteurs utiles à plus de démocratie, comment donner une parole utile aux urbains mais aussi aux ruraux, quels sont les bons relais entre le citoyens et le décideur public, comment améliorer la reconnaissance par les élus de ces instances citoyennes et comment repenser la fameuse “démocratie participative” ?

Les raisons de ce regroupement citoyen tient donc à cette méfiance du citoyen face à son élu et ce dernier devient même aujourd’hui demandeur d’une réflexion de fond sur ce fossé, ce désenchantement. Pour autant, que ce soit du côté des socioéconomiques du CESER ou que ce soit du côté des Conseils de développement, on assure que l’on est ici dans le temps long car, il faut vaincre le sentiment de supériorité de l’élu qui pense : <<Je suis élu, donc j’ai raison car la majorité pense comme moi>>. Ici, les deux instances citoyennes refusent pour l’instant la confrontation mais militent pour une co-construction d’une nouvelle démocratie moins verticale.

Jean-Pierre COUR

Photo de notre slider : “Pour Patrick Tassin, patron du CESER : Notre démocratie a pris un coup dans l’aile”. © JP Cour

 

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