Mauvais coups ou mauvais coûts en Lorraine ?

3 février 2017

L’ancien président, J-P Masseret, épinglé par la Chambre des Comptes, dit assumer les critiques

Après deux mandats à la tête de la Région lorraine, l’ancien président socialiste du conseil régional, Jean-Pierre Masseret est aujourd’hui en butte à une analyse très critique de la Cour des Comptes qui accable la gestion de la gouvernance socialiste dans cette région. Cela, même s’il n’y a pas d’enrichissement personnel le concernant.

Selon la Cour des Comptes en charge d’analyser en France la bonne gérance de l’argent public, la “gestion du personnel en Lorraine s’est faite parfois sans respect de la légalité… Le dossier Skylander fut caché aux élus… les frais de bouche sont surprenants…” sur ces points, l’ancien président est sévèrement épinglé par ce dossier qui a “fuité” dans la presse avant son examen officiel par le conseil régional Grand Est le 24 mars prochain. Implacables, les magistrats de la Cour des Compte parlent aussi de “dysfonctionnements” et d’une “gestion au fil de l’eau” concernant le recrutement du personnel. Ce rapport accuse pareillement l’ancien président d’avoir présenté un rapport édulcoré sur le dossier de l’avion Skylander qui devait se construire dans la Meuse afin d’avoir l’aval des élus pour leur faire voter un soutien financier sur ce dossier.

Droit dans ses bottes, J-P Masseret donnait hier une conférence de presse où il assurait de sa bonne foi. Mais la transparence déployée a ses limites puisque l’ancien président n’appuie pas son plaidoyer de la publication du rapport dont il détient un exemplaire et que plusieurs de ses collègues ont réclamé. Semble-t-il en vain. Sauf ses très proches qui l’aident à peaufiner sa riposte. La droite du Grand Est, elle, est passée à l’offensive. Un communiqué de la majorité régionale, signée de son président, Jean Rottner assure que ce rapport de la Cour des Comptes est “la confirmation juridique de la sanction politique”.

J’assume tout !

De son côté, J-P Masseret, lors de la conférence de presse assurait : “J’assume tout ! Sur la gestion du personnel, il est clair que l’absentéisme n’a pas été maîtrisé à hauteur de ce qui aurait été nécessaire au plan des principes de gestion, mais c’est mieux que dans certaines régions et est le fait de personnels techniques dans les lycées. C’est aussi vrai que concernant les salaires, étant de gauche, nous étions plus sensible aux revendications des syndicats”. Ne digérant visiblement pas le coup de griffe de la Cour des Comptes sur une facture de restaurant à Gérardmer en date du 2 octobre pour le cabinet du président, il explique : “C’est moi-même qui ai provoqué cette réunion consacrée, un dimanche, à travailler sur le sujet de la nouvelle territorialisation des politiques régionales”.

Sur la gestion “au fil de l’eau”, il assure que c’est ici une remarque péjorative indigne de cette institution. Quant au projet Skylander, Masseret rappelle qu’il a répondu à une demande de l’État. “L’avion était techniquement bon, le marché existant, il aurait fallu, au-delà des considérations financières, une volonté politique à caractère industriel”. Et sur le reproche d’avoir tronqué le dossier, il réfute : “Je conteste le fait d’avoir présenté un dossier incomplet. Je le nie !… C’est vrai que c’est un échec qui me mine encore aujourd’hui”, tranche-t-il. Il ajoute : “La Cour des Comptes a beau jeu de dire à postériori ce qu’il aurait fallu faire. Quand on est aux manettes, on ne gère pas une région en se référant qu’à la logique administrative ; on est dans l’humain ! L’usage que l’on fait de ce dossier aujourd’hui est politique. Moi je crois que si la Lorraine n’était pas rentrée dans le Grand Est, nous, socialistes, aurions été réélu !”.

En tout état de cause, la gouvernance du Grand Est aujourd’hui pilotée à Strasbourg par Philippe Richert (Les Républicains), semble prendre ses marques. Après le dévissage en plein vol de la directrice de l’aéroport LorraineAirport jugée trop proche de J-P Masseret, c’est aujourd’hui la gestion même de la Lorraine qui est mise en cause à Strasbourg. Stratégie revancharde ? Certains autour de l’ancien président n’hésitent pas à l’affirmer.

Jean-Pierre COUR

Photo (JP COUR) : : “Face à l’analyse critique de la Cour des Compte de sa gestion de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret assure : J’assume !“.

 

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