Le cycle vertueux des batteries en Moselle

22 juillet 2016

Le recyclage des batteries des voitures électriques en Grande Région se fait à Dieuze, en Moselle.

C’est en Moselle dans le Saulnois, à Dieuze, qu’une entreprise du groupe SARP-Véolia, “Euro Dieuze Industrie”, s’engage dans le recyclage des batteries de véhicules électriques. Ce marché est estimé à 130 000 tonnes de batteries à l’horizon 2030. Une collaboration entre Veolia et Renault a d’ailleurs été sélectionné en 2014 dans le cadre des “Investissements d’avenir” dans le projet d’industrialiser le recyclage des batteries des véhicules électriques sur le site de Dieuze. La société traite déjà depuis 1996 les piles et les batteries électriques qui peuplent notre quotidien : téléphones et ordinateurs portables, appareils photos, piles classiques de toutes tailles etc. Il y a plus de quarante ans, la loi du 15 juillet 1975 obligeait les industriels à de nouvelles responsabilités environnementales concernant leurs déchets polluants. Dans cette mouvance, ces derniers n’ayant pas toujours les compétences et/ou les moyens de traiter ces déchets, les industriels les confient alors à des sous-traitants. C’est ici que “Euro Dieuze Industrie” trouve son utilité. Cette compétence met toutefois l’entreprise dans le cercle des entreprises classées “Sévéso” en “seuil haut”, comme la plateforme pétrochimique de Carling en Moselle.

Une diversification vers l’automobile électrique

Le démarrage encore timide des véhicules électriques pousse “Euro Dieuze Industrie” forte de 30 personnes sur un site d’un hectare et demi et réalisant cinq millions d’euros de chiffre d’affaires issus majoritairement des taxes environnementales, à s’engager dans un nouveau créneau indubitablement porteur dans le futur : celui du recyclage des batteries automobiles. Celles-ci peuvent peser jusqu’à 300 kg. L’entreprise décharge alors les batteries de leur électricité résiduelle, désassemble puis broie les composants. Les résidus sont traités à froid par hydrométallurgie qui sépare les différents métaux dont certains sont à forte valeur-ajoutée comme le cobalt, le manganèse, le lithium, du nickel… venant de cette poudre active (black mass). Une grosse partie de ces batteries (70 %) peut être recyclée et le restant (30 %) devenant alors une sorte de déchet ultime qui est le plus souvent brulé. Actuellement, “Euro Dieuze Industrie” récupère 40 % des piles domestiques et accumulateurs usagés de l’ensemble du marché français mais possède aussi des clients dans la grande région transfrontalière, au Luxembourg en Wallonie et en Allemagne. L’entreprise profite donc de son expertise dans les grosses batteries industrielles de 400 volts pour s’engager dans le traitement des batteries des voitures électriques. Ses fournisseurs sont les éco-organismes européens qui lui confient chaque année entre 5 et 6 000 tonnes de batteries à recycler dans le cadre de la “responsabilité élargie du producteur” (REP) issue des lois européennes liées à l’environnement. Selon la directive européenne 2006/66/CE. Cette dernière fixe à 50 % l’objectif de recyclage des batteries et accumulateurs.

Sécuriser et traiter

Denis Foy (notre photo) est le directeur de ce site de valorisation des déchets de Dieuze. Il est docteur en chimie des matériaux de l’Université Bordeaux 1. Il définit ici son métier et sa fonction : “Notre métier consiste d’abord à caractériser, sécuriser, traiter les produits puis à en extraire des produits propres et distincts à même de rentrer dans ce que l’on appelle aujourd’hui l’économie circulaire. C’est aussi maîtriser les risques environnementaux et sanitaires liés aux déchets produits par le public et les entreprises. La société valorise essentiellement les batteries domestiques mais aussi les batteries des voitures électriques Renault-Zoé, Renault Kangoo ZE et Nissan-Leaf. Elle participe à un projet lancé en 2014 sur trois ans en lien avec Veolia et Renault pour traiter la poudre de métaux des batteries de véhicules électriques. Après l’incendie survenu le 26 mars 2011, l’entreprise marche 24 heures sur 24 avec un personnel de plus en plus spécialisé formé aux risques chimiques et d’incendie. Nous sommes dans une progression constante de personnel puisque nous embauchons une à deux personnes par an”.

Texte et photo : Jean-Pierre Cour

 

Les commentaires sont fermés.