15 janvier 2016
Alain Juppé en campagne dans la banlieue de Metz
Alain Juppé était à Woippy, dans la banlieue de Metz, dans le cadre des primaires à droite sur le thème de la sécurité.
C’est donc dans le cadre de la campagne pour les prétendant des Républicains pour la présidentielle de 2017 qu’Alain Juppé était présent en Moselle. Selon les sondages, Alain Juppé est aujourd’hui largement devant Nicolas Sarkozy. L’ex-Premier-ministre, séduirait même une partie de l’électorat de François Hollande. La campagne d’Alain Juppé pour la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle de 2017 est donc dans une nouvelle phase avec des déplacements en province. Le maire de Bordeaux annonçait à Woippy qu’il soumettra aux Français une dizaine de programmes de gouvernance pour le futur.
Lieu symbolique
A Woippy, Alain Juppé venait promotionner son dernier ouvrage consacré à la sécurité intitulé : “Pour un Etat fort”. Sorte de programme axé sur la sécurité. Cet ouvrage sera bientôt complété par un autre dédié à l’économie. La ville de Woippy est une ville-banlieue de Metz où le panachage d’origines et de cultures est l’un des plus forts de Moselle. Il rencontrait dans le commissariat de la ville des représentants des forces de l’ordre dans cette commune qui est la première de France en nombre de policiers municipaux et de vidéoprotection par rapport à la population.
S’il s’attendait à un accueil protocolaire, il n’a pas évité les questionnements des représentants des Douanes, de la police nationale, de la police ferroviaire, municipale, etc., présents lors de ce déplacement. Ce fut donc là l’occasion d’entendre l’ensemble des acteurs de la sécurité publique. Pour la police municipale, cette dernière demande une augmentation de compétences judiciaires afin de décharger la police nationale de l’aspect de validation administratif de leurs actions sur le terrain. Les représentants de la Douane pointaient, quant à eux, le fait de leur sous-emploi. Ils attendent une mutualisation des moyens et des dossiers avec les forces de police. Le personnel pénitentiaire, pour sa part, notait la nécessité d’une “police pénitentiaire” tant pour recueillir des renseignements et lutter contre la radicalisation des prisons surchargée à 138 pour cent de leur capacité d’occupation. Ceci en sachant que c’est en prison et par le biais d’Internet que les radicalisations islamiques se font le plus aujourd’hui. Autre demande, un soutien psychologique et plus de formation pour ces personnels soumis à la violence quotidienne.
Justice contre police ?
Selon les représentants de la police nationale, les propos contre le ministère de la justice étaient, pour leur part, d’une rare violence. Ainsi, les officiers de police présents signalaient que “La justice sabote sciemment notre travail ! Pas moins de 50 % du travail que nous faisons sur les délinquants, n’est fait pour rien. La justice classe l’affaire ! Seul dix pour cent de notre travail aboutit à une condamnation. Du coup, les policiers lèvent le pied d’où une baisse des gardes-à-vue et donc la baisse des résolutions d’affaires. Les rappels à la loi que font les juges ne servent à rien !”.
S’ajoutent à cela que les policiers réclament aussi plus de formation et qu’aujourd’hui ils doivent faire face au terrorisme qui demande un travail très différent de leur travail contre la délinquance traditionnelle. Il ressort aussi de cette rencontre que l’ensemble des forces de sécurité exigent plus de “transversalité” entre les services afin d’optimiser leur travail… tout en notant que la chose relève d’un “énorme chantier”.
Action à court termes
Pour sa part, Alain Juppé répond de façon globale : “Nous avons besoin d’un Etat fort. S’il possède de nombreux atouts, il a aussi des fragilités qui, j’en ai la conviction, peuvent être surmontés. Elles nécessitent une action résolue à court terme pour mieux préserver notre Etat à court terme. L’avenir de la France se joue aujourd’hui”. Et surtout pour lui, oserions-nous dire. Sécurité, bon fonctionnement du système judiciaire, respect du droit et des principes républicains, lutte contre l’immigration illégale, laïcité : les défis de l’Etat sont nombreux. “J’insiste sur une vraie réponse pénale effective”, clos-t-il. Alain Juppé propose ainsi de redéployer 4 500 policiers et gendarmes sur le terrain en les déchargeant des tâches administratives. Il veut également supprimer les réductions automatiques de peine et créer 10 000 places de prison supplémentaires. En matière d’immigration il propose de faire voter un plafond d’immigration légale et durcir les conditions du regroupement familial. Il se dit aussi pour la création d’un délit d’entrave à la laïcité dans les services publics et la conclusion d’un pacte avec l’islam de France pour définir les règles de recrutement des imams. C’est donc ici un positionnement clairement à droite qui fera tousser certains centristes qu’il devra également séduire demain.
Jean-Pierre COUR