Nucléaire : Cattenom joue les prolongations

24 février 2016

La centrale de Cattenom se projette jusqu’en 2025.

Pour Guy Catrix, directeur de Cattenom, il n’est pas question de fermer une des quatre tranches mais bien de faire durer la centrale au moins jusqu’à 2025. © JP. Cour

L’année 2016 est une année charnière pour la centrale nucléaire de Cattenom, située en Lorraine, au nord de Thionville. Guy Catrix, le directeur de la centrale, annonce qu’EDF consolide bien son programme de modernisation visant à intégrer les dispositions “post-Fukushima” décidées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et à préparer la prolongation de la durée de fonctionnement des centrales françaises, dont Cattenom, au-delà de 40 ans afin de répondre aux besoins énergétiques de la France. Agée de 30 ans, la centrale de Cattenom s’engage donc dans une nouvelle décennie de production.

85 millions d’euros de maintenance

L’année 2015 fut un record de production pour la centrale mosellane avec 36,8 milliards de KWh contre 36,1 l’année précédente. Toujours dans l’année 2015, la centrale a engagé 85 millions d’euros dans ses activités de maintenance. Au cours de cette même année, la centrale de Cattenom a déclaré à l’ASN cinq évènements significatif de sûreté au niveau 1 sur une échelle de 1 à 7 (7 étant l’évènement le plus grave) et 7 concernant la radioprotection. Concernant la sécurité des personnes, le taux de fréquence, c’est-à-dire le nombre d’accidents avec arrêt de travail par millions d’heures travaillées, était de 3,3, soit 16 personnes, intervenants extérieurs compris (4 chez EDF et 12 chez les prestataires de service). Pour ce qui est de la communication de la centrale, Guy Catrix assure que le travail est fait et que tout incident est relaté. “Bien sûr, si un de nos employés se coince le doigt, nous ne le faisons pas. Nous informons avec le plus de détails possible sur ce qui fait notre quotidien dans le cadre de notre exploitation industriel que ce soit dans le domaine de la sécurité industrielle ou de la sûreté nucléaire. Il ne faut pas noyer avec trop d’infos, sinon l’on fausse l’info”.

Sécurité : “en amélioration constante”

En 2016 et jusqu’en 2025, est donc engagé un programme de modernisation et trois arrêts d’unités, sur quatre, sont prévus. En plus du rechargement d’un tiers du combustible, les équipes de la centrale procèderont à la rénovation de deux poumons du condensateur ou encore au remplacement des tubes de commande du réacteur. Sont prévus aussi la modernisation du poste de commande et l’inspection du fond de la cuve du réacteur de l’unité 1.

En 2015, environ 1 100 tonnes de combustibles usé ont été traités en France dont 84 tonnes pour la seule centrale de Cattenom.

Interrogé sur la sécurité, Guy Catrix répond : “La centrale a bien sûr été conçue pour faire face aux risques, mais nous profitons de l’expérience pour affiner les choses. C’est le cas avec Fukushima. Mais cela est vrai aussi vis-à-vis de tous les risques, dont ceux liés au terrorisme. Nous avons des dispositions d’enquêtes, la présence des forces de l’ordre et des systèmes sur lesquels, vous comprendrez, je ne peux m’étendre. Mais je peux vous assurer que nous sommes en amélioration constante”. Concernant les attentes sur plus de sécurité encore, Guy Catrix ajoute : “J’ai une autorité compétente qui est l’ASN et cette dernière est déjà particulièrement exigeante. EDF respecte l’ensemble des exigences que cette haute autorité demande”.

Jean-Pierre COUR

 

Quelques chiffres sur Cattenom

Avec ses quatre réacteurs de 1 300 mégawatts chacun, la centrale de Cattenom fournit chaque année près de 8 % de la production nationale d’électricité au sein d’EDF. Soit l’équivalent de 2,5 fois les besoins énergétiques de la région lorraine. Cela fait d’elle la 7e centrale du monde. Sans être un espace touristique, la centrale a accueilli 6 660 visiteurs et parmi eux, 2 410 ont pu visiter en profondeur les installations. Le personnel est constitué de 1 395 salariés d’EDF auxquels il faut ajouter environ 650 intervenants extérieurs. L’ASN a effectué en 2015 pas moins de 11 inspections programmées ainsi que 12 visites inopinées. Concernant les retombées économiques, la centrale génère 43 millions d’euros pour la taxe sur les installations nucléaires, 13 millions en cotisation foncière, 16,2 millions en imposition forfaitaire, 1,6 millions de redevance sur l’eau, 11,2 millions de TVA, 1,5 millions de taxe foncière et encore 7 millions en taxes diverses. En termes de maintenance, la centrale engageait, toujours en 2015, 85 millions d’euros. Pour ce qui est de l’environnement, Cattenom a effectué 15 300 prélèvements et analyses en pointant six évènements significatifs pour l’environnement. • J-P.C

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