1 avril 2016
ACAL : une région dépendante
La sphère socioéconomique dresse un état des lieux économique de la région ACAL.
Les socioprofessionnels d’ACAL (Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine) du Conseil économique, social et environnement régional (CESER) viennent d’émettre un tableau de bord conjoncturel trimestriel de la nouvelle région installée depuis peu. Cinq constats émergent de cette perspective : d’une part, que l’exportation montre tout son poids dans l’économie de cette nouvelle région en dégageant 60 milliards d’euros, d’autre part, que l’on voit que cette reprise se fait sans impact sur les chiffres de l’emploi puisque le chômage structurel est toujours en hausse et que des écarts significatifs se creusent entre les territoires qui sortent leur épingle du jeu et ceux qui restent à la traine. Autre constat, la dépendance de cet espace aux réalités transfrontalières. Le nombre de travailleurs transfrontaliers a augmenté en un an de 5 350 navetteurs au Grand-Duché et en Suisse. Parallèlement, la “pêche au loin” ne fonctionne guère et l’on voit que le commerce se fait essentiellement avec les pays européens et non pas avec des zones plus lointaines comme la Chine, l’Inde etc.
BTP sinistré
Cette approche synthétique s’appuie sur trois indicateurs que sont les chiffres des exportations, le chômage des jeunes et le travail intérimaire. Autre élément à reporter, la bonne santé du secteur automobile qui tire vers le haut cette région. La chose peut sembler un peu faible mais, pour autant, le secteur de l’exportation est supérieur de quatre milliards d’euros par rapport aux importations qui représentent pour leur seule part 60 milliards d’euros. Toutefois, des disparités territoriales marquent la faiblesse de cette espace transrégionale. L’Alsace, comme la Moselle, concentrent 54 % de la population et l’essentiel de la bonne santé économique du territoire.
Ces disparités montrent quand même une reprise économique réelle, bien que faible, de la situation d’ACAL… mais sans amélioration de l’emploi. C’est l’un des paradoxes de cette région. Selon Patrick Tassin, président du CESER, à la question de savoir si le regroupement des trois anciennes régions va amplifier ou freiner le chômage, il répond : “Oui, le chômage peut reculer si les collectivités territoriales jouent le jeu en soutenant l’aménagement du territoire, et tout particulièrement en direction du BTP qui est aujourd’hui sinistré”. Concernant l’emploi transfrontalier, deux pays font émerger l’économie régionale : le Luxembourg et la Suisse. Ici, et face à cela, le prochain sommet franco-allemand de Metz devrait revisiter les relations transfrontalières avec l’Allemagne.
texte et photo : J-Pierre COUR