5 août 2016

La Lorraine, même si elle reste très loin de l’engagement d’autres pays européens dans le domaine de la méthanisation du fait du moindre soutien de l’Etat, s’est aussi engagée dans la diversification agricole et donc la méthanisation. Comme par exemple au sein de la ferme de Champenois à Amanvillers au nord-ouest de Metz qui mise un revenu complémentaire issu de “l’agriculture verte”. Cette exploitation dirigée par les trois frères Champigneulle couvre 600 hectares de cultures céréalières de blé, colza et maïs. Elle cultive aussi ce que l’on appelle des “Cultures Intermédiaires à Vocation Energétiques” (CIVE). Cela regroupe l’avoine, les pois et le sorgho. Ces plantes constituent en effet de véritables pièges à nitrates. L’association de ces CIVES et du maïs permet par ailleurs aux exploitants de la ferme, qui avaient des difficultés de désherbage en raison d’une rotation trop courte des cultures de blé, d’orge et de colza, de traiter les mauvaises herbes sans avoir recours à des produits chimiques.

Cette ferme s’est donc engagée dans la voie de la diversification verte avec tout d’abord l’installation sur ses toits de 2.800 mètres carrés de panneaux photovoltaïques en 2010. Elle s’est ensuite dotée en 2014 d’une unité de méthanisation qui produit treize millions de kilowatts par an et alimente en électricité près de 5.000 foyers des environs. L’opération, qui a représenté un investissement total de 4,3 millions d’euros créant de surcroit quatre emplois. A ce jour, l’équilibre financier est atteint.

Pour alimenter son unité de méthanisation, la ferme achète du fumier bovins et de cheval à une dizaine d’éleveurs aux alentours. Du coup, ces “déchets” ne sont plus mis en épandage dans les champs. Il faut environ cinq mois pour que la substance se transforme en gaz puis en électricité vendue alors à EDF. Aujourd’hui, la Ferme du Champenois n’utilise plus aucun engrais chimique puisque les résidus ultimes sont ici exploités comme engrais naturels.

JEAN-PIERRE COUR