Éduquer les filles !

27 février 2017

Le Grand Est pourrait-il laisser plus de la place aux femmes universitaires ?
<<L’association française des Femmes Diplômées des Universités (AFFDU) fait de l’instruction universitaire le principal vecteur de promotion des femmes et un facteur de progrès pour toute la société>>, explique Catherine Thuet, vice-présidente nationale et présidente de cette association en Lorraine. Dans ce cadre, l’AFFDU a vocation depuis 1920 d’encourager les filles à poursuivre des études supérieures, notamment dans les filières techniques et scientifiques, là où les femmes sont encore trop peu présentes. Déclinée en Lorraine, cette association mène de nombreuses actions en partenariat avec les jeunes et le monde de l’éducation nationale pour faire évoluer les mentalités et verse des bourses aux jeunes femmes qui s’engagent dans un cursus universitaire.
Ceci est vrai en Lorraine comme en France mais ici, Catherine Thuet veut élargir la chose. <<C’est une organisation internationale et c’est vrai que notre région Grand Est, qui est quatre fois frontalière, pourrait s’engager dans des actions communes avec les pays voisins>>, assure-t-elle. Pour elle, les femmes se freinent elles-mêmes, par manquent d’audace et font de l’autocensure. Cela viendrait ici du poids générationnel de cette vie sociale qui était construite pour les hommes et qui perdure. <<Le pouvoir est encore tenu par les hommes et ces derniers se sentent dépossédés aujourd’hui par le genre féminin, même si ce n’est pas conscient chez eux>>, explique encore Catherine Thuet. Il est clair, selon elle <<que le plafond de verre chez les femmes vient d’abord d’elles-mêmes. Cela provient d’un manque d’assurance, de non légitimité et générant parfois même un sentiment d’imposture>>, assure la présidente.

Du linéaire à l’atomique

<<Aujourd’hui les femmes se doivent d’être bonnes en tout : bonne mère, bonne épouse, bonnes dans leur métier, séduisante, souriante, sexy, active… C’est vrai que nos mères avaient moins de pression et ne devaient pas répondre à toutes ces facettes>>, ajoute dans un sourire C. Thuet. Selon le schéma qui voudrait que les hommes aient une réflexion linéaire et les femmes un système de pensée atomique, celui-ci serait largement plus stressant. <<Il faut donc éduquer les petites filles mais aussi les petits garçons. L’on fait encore trop la remarque aux petites filles en leur disant : soit gentille et ne te fais pas remarquer. C’est tout le contraire de ce que l’on attend d’un garçon qui doit être actif et leader>>. Selon C. Thuet, l’on ne fait pas prendre conscience aux petites filles et aux jeunes femmes que la vision globalisante des femmes peut être finalement un atout dans les études, l’économie, voire, une meilleure façon de travailler en équipe.
S’il y a autant de femmes que d’hommes porteurs de projets de création d’entreprises, seules 28 pour cent des femmes concrétisent leur idée. Pour faire changer les choses et inciter les femmes à mener leur projet à terme, l’AFFDU Lorraine a créé le concours “créatrice d’entreprise” en 2001, et avec ses partenaires, attribue chaque année des prix variant de 1000 euros à 600 euros à des femmes créatrices d’une entreprise depuis moins de 3 ans. Pour l’instant, l’AFFDU Lorraine est assez atypique dans le sens où les femmes qui y adhèrent sont plutôt jeunes et actives. C’est sans doute ce qui les pousse à rechercher aujourd’hui de nouveaux partenariats avec des entreprises et à s’ouvrir à des femmes qui œuvrent dans le Grand Est.
Jean-Pierre COUR
Photo  : “Pour Catherine Thuet, présidente de l’AFFDU, le féminisme des années 68 fut trop brutal même s’il était précurseur” © JP COUR

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