La température monte au conseil régional Grand Est

27 mars 2017

Manif ou manip ?
L’ambiance n’était pas à l’apaisement lors du dernier conseil régional du Grand Est, à Metz. Selon les sujets à l’ordre du jour, l’on s’attendait à une session un peu soporifique. Ce fut le cas lorsque l’on traitait du dispositif d’intervention sur la recherche, sur la culture ou sur la jeunesse. Par contre, dès le début de séance, ces pronostics se sont avérés faux. Tout d’abord, une manifestation des agents territoriaux employés par la région prenait une tournure inédite en envahissant l’hémicycle. Environ 250 agents manifestaient devant le conseil régional et se décidaient finalement de rentrer dans le bâtiment. La chose est étonnante car cette manifestation avait été prévue et le président de région, Philippe Richert, pensait avoir désamorcé les choses ; les manifestants ayant été reçu précédemment. Les représentants défendant ici les inquiétudes des 7.500 salariés employés par le Grand Est. La chose semblait donc neutralisée par le staff de direction de Philippe Richert. Ce ne fut pas le cas.
L’intersyndicale se faisait ici déborder par sa base alors que le président de région avait assuré aux représentants reçus précédemment et encore le matin-même qu’il était conscient “du haut niveau de service public” dont ces derniers faisaient preuve et que le service du personnel de la région allait prendre en compte la réalité des parcours individuels. Bref, que cette réunion des trois anciennes régions (Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne), se ferait sans dégâts pour les agents œuvrant dans l’administration mais aussi dans les lycées et établissements dépendant du conseil régional. <<On ne peut pas fournir un service public de qualité avec les effectifs actuels>>, estime M. Koehler, qui dit craindre la suppression de plusieurs centaines de postes dans le cadre de l’harmonisation des situations des agents des trois anciennes régions. C’est à ce moment-là qu’environ 150 personnes ont envahi l’hémicycle régional drapeaux et pancartes en tête en scandant : <<On est chez nous !>> et entamant ensuite une Marseillaise… La chose semblait à tous les témoins comme aux élus un peu surréaliste et pour le moins surdimensionnée au vu des revendications de simple inquiétudes exprimées.
Un “chaud-froid”
L’ambiance commençait aussi à se tendre dans les bancs de l’assemblée lorsque l’un des thèmes du jour fut abordé : celui sur le rapport de la Chambre régionale des comptes analysant sévèrement la gestion des régions Champagne-Ardenne et surtout de la Lorraine. Ici, l’ancien président Jean-Pierre Masseret, présent dans l’assemblée et aujourd’hui dans les rangs de l’opposition se faisait étriller par ce rapport : Augmentation de la dette de 46 pour cent pendant le mandat soit 312 millions d’euros, manquement à l’information des élus dans le projet de l’avion fantôme Skylander, défaillances dans le suivi des organismes dépendants ou subventionnés par la Lorraine, défaillance dans la gestion des dépenses, hausse de salaires inconsidérées, prestations en nature pour le cabinet de J-P Masseret, subvention de 250.000 euros à un proche du président, etc.
Les débats furent en effets assez chaud sur ces sujets dans les rangs du FN alors que du côté de l’actuelle majorité de droite, l’on était visiblement dans une volonté d’apaisement. Dans les rangs de la gauche aussi, la volonté de minimiser et normaliser ce rapport était évident. Ici, la manifestation des personnels de la région tombait à pic pour neutraliser ce rapport de la Cour régionale des Comptes tout de même accablant même s’il elle n’émettait aucun soupçon sur un enrichissement personnel de l’ancien président. Toutefois, d’aucuns pensèrent, dans l’hémicycle que cette démonstration de force des syndicats face à la présidence de droite de la région Grand Est, arrangeait bien les bancs de la gauche, détournant les problématiques et montrant que, le cas échéant, le groupe socialiste avait encore de la ressource, ou tout au moins une capacité de nuisance face à la droite.
Jean-Pierre COUR

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