L’odyssée de l’errance

11 février 2016

Une poignante exposition des travaux journalistiques d’Olivier Jobard et Claire Billet sur le thème des réfugiés migrants se propose en l’Arsenal de Metz, jusqu’au 30 avril.

Il est des expositions où le beau devient gênant. Ceci, même si les auteurs ne cherchent pas le côté esthétisant de leur production. C’est ici le cas de cette présentation de photos et de vidéos de deux journalistes : Olivier Jobard et Claire Billet. Cette présentation d’un travail de reportage nous ramène tout à la fois à nos angoisses, à nos inquiétudes, voire à nos hontes.

“Une espérance surdimensionnée”

“Pour mieux nous faire partager l’angoisse du grand départ, Olivier a voulu embarquer à Zarzis en Tunisie à bord de ces véritables radeaux de la Méduse, épaves de la détresse aux côtés de Slah, un père de famille de 40 ans. Il a accompagné ensuite Claire de Kaboul à Paris aux côtés de cinq jeunes Afghans. Tous les reportages de Claire Billet et d’Olivier Jobard, au creux de ces flots de réfugiés vers l’Europe, sont là pour nous maintenir en vigilance“, explique Alain Mingam, commissaire de l’exposition.

“Je ne regarde plus mon passeport comme avant !”, relate Claire Billet, livrant ainsi la limite avec laquelle il convient d’appréhender cette exposition. Nos passeports sont ceux de pays en paix, nous positionnant dans un statut de privilégiés. Les papiers d’identité des migrants que montrent les reportages photos et vidéos exposées sont, eux, de seconde classe. Leurs papiers sont de ceux qui sont dans l’ombre, de ceux qui fuient et meurent exploités par des trafiquants d’une humanité en détresse tentant d’échapper à guerre. “Quand nous présentons nos passeports aux frontières, l’on ne nous regarde pas comme des envahisseurs ; eux si. Nous sommes les riches, et eux, des “sous-pauvres” errants dans une espérance vis-à-vis de l’Europe que nous savons surdimensionnée”, ajoute Olivier Jobard.

Jean-Pierre Cour

Photo © JP. Cour.

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