Le gaz de houille mosellan

29 février 2016

 

Forbach : Établie en Moselle depuis 2009, la “Française de l’Energie”, ex-“European Gas Limited”, se positionne en première ligne en matière d’évaluation et de production de gaz dans l’hexagone. Sa spécialité touche au développement du gaz de houille. Sur son site, à Forbach, elle regroupe une vingtaine de personnes dont certaines sont issues des anciennes Houillères du Bassin de Lorraine (HBL). L’entreprise vient aujourd’hui de démontrer qu’il est possible d’extraire du méthane des couches de charbon mosellan. Bref, d’utiliser ce fameux “grisou” si redouté des mineurs et ceci sans risque majeur pour l’environnement puisqu’il n’y a pas, ici, de fracturation des roches mais plutôt d’exploitation des poches de gaz existantes. Un démarrage des activités d’exploitation est prévu pour 2017 sur les sites de Diebling, Folschviller et Tritteling en Moselle. La mise en place de cette démarche permet déjà à 70 partenaires et sous-traitants locaux de travailler aux côtés de la “Française de l’Energie”.

Il est possible d’extraire du gaz de houille en Moselle, sans fracturation hydraulique.

Le schéma de départ est que le charbon non exploité des houillères du bassin lorrain est très “grisouteux” et contient donc beaucoup de méthane. Ce gaz peut être extrait du charbon de manière naturelle, après déshydratation du charbon, et donc sans aucune fracturation hydraulique. Les différents forages et tests de production réalisés avec succès sur les sites mosellans ont validé ce potentiel. Au niveau politique en Lorraine, de la gauche à la droite, de J-P Masseret (PS) au député-maire François Grosdidier (LR) très attaché à l’environnement, chacun se félicite de ce potentiel qui rendrait plus autonome la Lorraine et la France dans le domaine énergétique.

Trois ans de la consommation française

Pour la “Française de l’Energie”, cette énergie est compétitive et profite d’une faible empreinte carbone. Cela avec un impact environnemental bien plus limité que le gaz actuellement consommé en France par les industriels et les particuliers. L’usage du gaz de houille est assez peu connu alors qu’il présente, selon les experts du “Bureau de recherches géologiques et minières”, de “l’Institut national de l’environnement industriel et des risques” ainsi que de “l’Institut Français du Pétrole Energies Nouvelles”, un potentiel très important qui lui permettrait de devenir un élément clé de l’équation énergétique en région. Ainsi, rien qu’en Moselle, les ressources identifiées représentent plus de trois années de la totalité de la consommation annuelle française. La Lorraine à elle seule disposerait, selon les premières évaluations, de 371 milliards de m3. De plus, ce gaz est riche et composé à 96 % de méthane. S’ajoute à cela que le gaz produit est ici d’excellente qualité avec un meilleur pouvoir calorifique que le gaz  importé et consommé actuellement.

Toutefois, parmi les arguments des opposants à cette exploitation industrielle du gaz de houille se trouve la gestion de l’eau. En effet, l’eau est présente en grande quantité dans les couches de charbon qu’il faudra traiter une fois extraite, car polluée. Si pour l’heure, les volumes peuvent être stockés dans des containers, une exploitation à grande échelle semble plus problématique et demande la mise en place d’une importante usine de retraitement de l’eau.

Des investissements en Moselle

Plus de 40 millions d’euros ont déjà été investis par la “Française de l’Energie” en Moselle dont près de 35 % ont été directement injectés dans l’économie locale. A ce stade, la recherche s’est concentrée principalement sur l’estimation des volumes de gaz présents et récupérables, la modélisation du bassin lorrain et l’optimisation de l’architecture de forages est en cours. Plusieurs forages supplémentaires sont attendus pour préparer la mise en place, une fois la concession obtenue, d’une activité industrielle de production fournissant de l’énergie aux collectivités et industriels des territoires où sera produit le gaz. Cette activité s’inscrit dans un projet plus large de création d’une plateforme industrielle et d’un pôle d’expertise régional s’appuyant sur les compétences de l’université de Lorraine et du CNRS. La Moselle devrait pouvoir devenir le premier centre de gaz de charbon en France avec 2 000 millions de m3 extraits sur 20 ans.

Réduire l’empreinte carbone

L’extraction à grande échelle et à des prix compétitifs d’un gaz local accessible pourrait aussi renforcer l’attractivité des anciens bassins miniers pour l’implantation de nouvelles entreprises, avec un objectif de création important d’emplois directs et indirects non délocalisables, participant ainsi à la revitalisation du Bassin Houiller. Cette production locale permettrait non seulement de garantir l’indépendance française vis-à-vis de la Russie, de la Norvège, du Qatar ou de l’Algérie, à qui la France achète la quasi-totalité de son gaz, mais permettrait également à la région de réduire son empreinte carbone en substituant ce gaz importé par un gaz local ayant une empreinte carbone en moyenne dix fois inférieure à celle du gaz actuellement importé.

J-Pierre COUR

Photo de “Une” :  Des sites mosellans sont déjà en cours d’études et d’essais sur le terrain pour finaliser le projet industriel. © J-P. Cour

 

Les prochaines étapes du projet consistent en la construction de la première plateforme de développement et la poursuite de l’évaluation des réserves en gaz sur les zones adjacentes aux périmètres étudiés par les forages précédents.

Vers le site de la “Française de l’Energie”, 1, Avenue St-Rémy à Forbach.

Parmi les deux gaz non-conventionnel, l’exploitation du gaz de houille s’annonce moins nocive que pour le gaz de schiste. En effet, ce dernier nécessite encore des recherches sur la méthode d’extraction dite de la “fracturation hydraulique”. Une méthode qui consiste à envoyer de l’eau et des produits chimiques sous pression à 2000 mètres de profondeur pour libérer le gaz contenu dans les couches géologiques. Un mécanisme controversé en raison de risques environnementaux.

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