11 mars 2016

L’économie circulaire regroupe un champ d’action très large : prévention, réemploi, recyclage, écoconception, économie de la fonctionnalité, durée de vie des produits…

Le modèle linéaire productiviste a atteint ses limites et le XXIe siècle remplace le modèle linéaire, “extraire, produire, consommer, jeter”, par un modèle en boucle résumé par les trois “R” : “réduire, réutiliser, recycler”.

Depuis le début des années 2000, le prix des matières premières augmente. Face à cela et pour répondre à la demande croissante, l’exploitation de nouvelles ressources va peser sur les prix de l’énergie comme des autres matières. Ceci car ces ressources sont plus difficiles d’accès. C’est une réflexion globale qui ici s’engage car si aucune mesure n’est engagée, les coûts environnementaux de production d’eau, d’énergie, de métaux, de matières ou de nourriture, vont croître inexorablement. Succédant à la révolution industrielle, le XXe siècle a vu se développer une société de consommation qui a augmenté de façon très importante son prélèvement sur les ressources naturelles en le multipliant par un facteur dix. Au XXIe siècle, l’aspiration des pays émergents tend vers un modèle de consommation similaire aux pays riches. De ce fait, le niveau de consommation des ressources naturelles devient inacceptable.

Une consommation pertinente

La problématique étant posée, il est dès lors indispensable d’engager la transition vers un modèle économique circulaire. Ceci n’implique pas seulement le développement du recyclage mais aussi une utilisation plus efficace des ressources, en modifiant les modes de production et de consommation, en allongeant la durée de vie de la matière, en promouvant l’écoconception de produits réutilisables et recyclables et le développement de l‘écologie industrielle et territoriale, en favorisant les circuits courts, etc.

Pour Remy Le Moigne, consultant et spécialiste de l’économie circulaire, cette dernière pourrait constituer un mode de sortie vers le haut pour les entreprises qui sauraient la développer. Les expériences sont déjà nombreuses comme chez Leroy-Merlin, SEB, Ikea, Walmart, etc. Il cite aussi en exemple le “pays Terres de Lorraine”, situé entre les rives de la Moselle et de la Meuse, ce pays se compose des territoires du Toulois, du Saintois et de Neuves-Maisons en Meurthe-et-Moselle. Cet espace regroupe cinq intercommunalités rassemblant plus de 100 000 habitants. Le “pays Terres de Lorraine” a choisi de développer son économie en optant pour la sobriété énergétique. Pour Remy Le Moigne : “Cet espace s’est saisi de la question de l’énergie dès 2012 car les responsables de ce regroupement pensent que ce nouveau modèle de développement est à même d’éviter que ne s’accentuent les inégalités. Certes, les entreprises ne sont pas encore prêtes et il faut accompagner les collectivités locales et les particuliers vers ces choix d’avenir… Il faut aider ce grand mouvement de sensibilisation des acteurs du territoire. Cette collectivité s’est lancée dans une démarche d’économie circulaire au moment de la fermeture d’un site industriel du groupe Michelin. Plusieurs entreprises spécialisées dans la seconde vie des déchets pneumatique, textile etc, se sont installées sur le territoire. Avec l’une d’entre elles, “Envie Lorraine”, s’initie aujourd’hui une démarche d’écologie industrielle territoriale et pose les bases d’un pôle territorial de coopération économique conciliant R&D, formation et production”.

Sur ce territoire intercommunal meurthe-et-mosellan s’est lancée aussi une opération de rénovation thermique de l’habitat et du patrimoine public auquel s’associent les professionnels départementaux du bâtiment très en amont pour construire une offre locale en réponse à la demande à venir. Autre domaine important, dans le champ des boucles locales : l’alimentation et les filières d’approvisionnement de produits locaux afin de lutter contre le gaspillage.

J-Pierre COUR

photo : Remy Le Moigne  : “Il faut accompagner les collectivités locales et les particuliers vers l’économie circulaire” © DR