Sécuvipol : salon de la tranquillité publique

28 octobre 2016

Les policiers municipaux ne sont plus des “sous-policiers” au salon Sécuvipol.

Vendredi dernier se tenait à Woippy, au nord de Metz, le premier salon Sécuvipol ; pour sécurité – ville – police. Cela tombait au moment où justement les policiers français sont dans la rue, non pas pour des hausses de salaires mais afin de pouvoir faire leur métier. “Les trois quarts de notre temps sont pris par des actes de procédure et/ou à des tâches qui nous détournent de notre activité centrale”, nous glissait ici un responsable gradé de la police nationale. Ce salon non ouvert au public s’adressait aux élus et responsables de collectivités concernant les polices municipales en ce qui concerne leur armement non létal, les vêtements de protections et les moyens techniques comme la vidéo transmission, les drones et les solutions techniques et de formation pour des méthodes de maintien de l’ordre et de sécurité. Certaines techniques n’étant d’ailleurs pas encore homologuées comme l’usage intrusif de drones ou de vidéosurveillance embarquée.

12,5 % du budget municipal pour la tranquillité

Il est intéressant de constater que ce salon se déroulait à Woippy, ville connue jusqu’en 2001 pour être un lieu de non-droit connue dans toute la Lorraine où les trafics en tous genres prospéraient, mettant à mal le quotidien des habitants. Comme le notait François Grosdidier : “12,5 % du budget municipal est consacré chaque année à la sécurité des habitants. Et ceci sans empiété sur la liberté des 14.000 habitants de Woippy”. Pour cela, il lui a fallu tout de même tripler les effectifs de police municipale, équiper les rues en vidéosurveillance et réinvestir les quartiers. Tout cela a pris du temps. Toujours selon lui, il fallut pour cela convaincre la police national, les juges et surtout les hommes politiques qui craignait qu’en renforçant la police municipale, on ne mette de l’huile sur le feu. Aujourd’hui, concernant la tranquillité des villes, la région Grand-Est s’en sort plutôt bien face aux autres régions françaises. Autre problématique que certains stands de vidéosurveillance mettaient en avant est l’emploi du temps horaire des policiers. Chacun reconnaissant que les forces de police (nationales ou municipales) devait être présentes aux heures les plus chaudes. C’est-à-dire le soir et dans la nuit. D’où le développement aujourd’hui des matériels à infrarouge et de lecture nocturne.

Tétanisés par les procédures

L’on ne peut être ferme que si l’on est juste !”, tirait de son expérience F. Grosdidier. Cela donne toute la mesure de ce salon où la digitalisation prend toute son importance et montre les prémisses de ce que sera la sphère policières dans les années futures. “Les policiers municipaux sont parfois mieux équipés que nous !”, nous avouait un gendarme présent. C’est vrai que les villes sont parfois des laboratoires et Woippy qui est plutôt en pointe en ce domaine attirait ici, lors de ce salon, des responsables de la sécurité de Nice ou encore de certaines grandes villes françaises. Concernant les armes non létales, comme les tasers, certains policiers nationaux présents avouaient qu’il faut bien sûr être armé avec des armes qui puissent répondre à des armes comme les kalachnikov de plus en plus présentes dans les quartiers, mais qu’aujourd’hui, le policier de la police nationale est tétanisé avant de se servir de son armes au vu des problèmes qu’il rencontrera avec sa hiérarchie après avoir faire feu. Pour autant, ces policiers refuse aussi ce “droit de tuer” dont certains voudraient les affubler. Tout est dans l’équilibre entre le droit et la nécessité. Ainsi, des choses sont à revoir. Par exemple, un policier municipal ne pourra pas non plus utiliser son arme même s’il voit une agression à l’arme de guerre se dérouler devant lui. Ici, les textes, en plus dans la situation de crise terroriste existante, ne sont plus logiquement applicables. Se pose donc aujourd’hui la question de la qualification juridique des policiers municipaux. Bref, ce salon mettait finalement en avant que c’est toute la chaîne pénale qu’il fallait revoir de fond en comble. Cela conforte le discours des policiers aujourd’hui dans la rue. C’était d’ailleurs le témoignage que faisait ici Dominique Perben, ancien ministre et Garde des Sceaux.

Jean-Pierre COUR

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