Drôle de zèbre

5 janvier 2017

Issu de la société civile, l’écrivain Alexandre Jardin se lance dans la campagne présidentielle.

Le vibrionnant écrivain, cinéaste et pamphlétaire, Alexandre Jardin était à Metz dans le cadre de la campagne électorale aux élections présidentielles auxquelles il se présente. Alexandre Jardin, 51 ans, est entre autres auteur du roman, “Le Zèbre”. Roman dont il a décliné les intentions dans Bleu Blanc Zèbre (BBZ) qui est un mouvement citoyen regroupant des opérateurs de la société civile tels que des associations, fondations, acteurs des services publics, mairies, mutuelles ou entreprises, réalisant une action efficiente permettant de résoudre un problème de la société en impliquant les citoyens dans sa résolution.

Alexandre Jardin s’ajoute donc à la longue liste des prétendants à l’Elysée pour 2017. Mais pourquoi Alexandre Jardin se présente-t-il à ces présidentielles ? : “Car à force de se perdre dans des détails dont il ne devrait pas s’occuper, l’État ne fonctionne plus comme il le devrait : les minimums ne sont plus des minimums. Notre système fiscal est devenu injuste et incompréhensible ; la Justice n’est ni indépendante, ni efficace faute de moyens ; l’Éducation n’a de nationale que le nom, et 20 % de nos enfants entrent au collège sans maîtriser l’écrit ; le carcan social bloque les entreprises sans protéger les salariés ; la santé, jadis notre grande fierté collective, est en train de s’effondrer…”. Le 3 décembre dernier, il avait annoncé qu’il se portait candidat à l’élection présidentielle : “Pour prendre le pouvoir et le redonner immédiatement aux citoyens”, s’exclamait-il. Pour lui, il y a clairement un problème en France. Le citoyen n’existe plus, les territoires n’existent plus dans le débat politique. “Ce sont les partis centralisateurs et jacobins que l’on entend, c’est la technocratie parisienne qui s’exprime”, a-t-il estimé surfant sur le dégoût global des Français pour la sphère politique.

Du vertical au transversal

Son programme se base sur trois axes : Associer systématiquement les professionnels concernés, et plus largement les citoyens, à la construction des solutions ; Ne plus partir d’une pensée théorique et hors-sol de façon verticale et venant de Paris, mais du réel, de ce qui a été expérimenté et marche quelque part. Enfin, prendre le temps d’un quinquennat et ne pas vouloir imposer des réponses rapides, car elles sont alors forcément bâclées ou incomplètes, mais créer des processus pour que des solutions émergent. Pour lui, un président préside mais ne dirige pas ! Selon lui, un président ne se confond pas non plus son rôle avec le chef de gouvernement ni avec l’Assemblée Nationale. Les moyens sont, toujours pour lui, de redonner systématiquement la parole à la base, aux gens qui ont expérimenté des pratiques et là où cela marche. En un mot il s’appuie sur les “faizeux” qui agissent de façon concrète sur tout le territoire pour résoudre toutes sortes de problèmes (emploi, mobilité, logement, etc.). Bref, sortir d’un système quasi-monarchique et vertical redonner du pouvoir aux territoires de façon transversale. Il ne propose donc pas de contenu mais tente d’imposer un changement de méthode. Cela en faisant tout de même disparaitre les échelons régions, départements et communautés d’agglomérations, métropoles et en redistribuant les territoires à des espaces identiques aux länders allemands, puis à des “espace de vie” plus petits et enfin aux communes. L’ensemble de son programmes et de ses options se trouvant sur : http://www.lescitoyens1.fr/

Il est le fondateur du mouvement “la Maison des citoyens”. C’est ici aussi une rampe de lancement pour sa campagne afin de récolter les idées qui alimenteront cette campagne : “La priorité doit être donnée aux territoires et à toutes celles et ceux qui agissent. La légitimité vient de l’action, et la réalité est dans les territoires. L’État doit soutenir et aider les territoires et les acteurs. Plus nous compterons, plus les entrepreneurs, les artisans, les associations, les acteurs de l’économie sociale et solidaire, les fonctionnaires, nos élus locaux et les citoyens compteront ! Isolé, personne ne pèse, les partis se moquent bien des élus locaux, unis nous pouvons tout !”, ajoute-t-il. A ce jour, il ne compte guère que plus d’une vingtaine de parrainages d’élus alors qu’il en faut 500 pour se présenter aux présidentielles. “Le Vatican ? Combien de divisions ?”, disait Staline sarcastique. On a vu que l’Histoire a fait fi du sarcasme, dissolvant l’URSS et conservant l’Etat du Vatican. Peut-être qu’Alexandre Jardin compte lui aussi sur le jugement de l’Histoire pour privilégier la base face aux professionnels de la politique.

Jean-Pierre COUR

L’homme au génotype chargé

Dans son ouvrage “Des gens très bien”, paru en 2011, Alexandre Jardin a fouillé douloureusement le passé vichyste de son grand-père, Jean Jardin, qui était directeur de cabinet de Pierre Laval au moment de la rafle du “Vél d’Hiv” en juillet 1942. “Moi, le petit-fils de collabo, je ne laisserai pas le pays à l’extrême droite”, a-t-il déclaré au Monde en juillet 2016. Né en avril 1965 à Neuilly-sur-Seine, Alexandre est le fils de l’écrivain et scénariste Pascal Jardin. Ancien élève de l’Ecole Alsacienne, diplômé de Sciences-Po, il écrit son premier roman “Bille en tête” pendant ses études. Il reçoit le Prix Femina en 1988 pour son roman “Le Zèbre”. Il est aussi l’auteur de “Fanfan” qu’il a adapté pour le cinéma, en 1993, avec Sophie Marceau dans le rôle principal. Depuis une quinzaine d’années, Alexandre Jardin a créé plusieurs associations. Il est notamment l’un des initiateurs de “Lire et faire lire”, association lancée en 1999.

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