Accident de Dudelange : les causes possibles

14 février 2017

Selon Bernard Aubin, cheminot et secrétaire général au sein du syndicat ferroviaire “First” (Fédération indépendante du rail et des syndicats des transports), à Metz : “Suite à l’accident d’aujourd’hui, un accident du type “nez-à-nez” est normalement rendu impossible par des “enclenchements” ou autres installations de sécurité qui interdisent l’expédition de deux trains de sens contraire sur la même voie. Si le signal de l’un des trains et ouvert (au vert) vers la partie de voie concernée, l’autre est maintenu fermé (rouge ou violet). Si un nez-à-nez se produit c’est que les installations ont mal fonctionné. C’est très rare, mais pas impossible ou alors les trains de sens contraire ont eu un signal ouvert en même temps. Sinon, l’un des conducteurs n’a pas observé la signalisation ; il a franchi un signal fermé sans autorisation. Dans ce cas, sur voie principale, un automatisme arrête en principe le train avant que ne puisse survenir un accident. Si le train vient d’une “voie de service” (triages, voies empruntées que par des trains de fret), il n’est pas sûr que ce dispositif y soit présent dans tous les cas… Autre hypothèse, l’un des aiguilleurs s’est affranchi des installations de sécurité sans avoir vérifié au préalable que toutes les conditions de sécurité étaient remplies pour l’expédition d’un train sur signal fermé comme dans l’accident de Zoufftgen. Il aurait alors autorisé l’expédition d’un train vers une voie où en circule déjà un autre de sens contraire. Il se pourrait aussi, dans le cas présent, que les “trains de marchandises” soit en fait une manœuvre réalisée dans le triage tout proche et que les wagons aient dépassé le signal de sortie du triage…”.

Les principaux risques

Toujours selon Bernard Aubin, trois sortes de risques peuvent générer ce genre de collision : Le “nez-à-nez” : deux trains de sens contraire se percutent sur la même voie, le “rattrapage” : un train percute celui qui le précède et la “prise en écharpe” : un train en percute un autre par le côté. Pour éviter ces risques typiquement ferroviaires, une règlementation stricte et des installations de sécurités sont mises en œuvre. En cas d’accident dans le cadre de ces hypothèses, l’origine est souvent l’erreur humaine. Mais quels sont les autres risques ? L’obstacle. C’est un obstacle tombé ou placé sur la voie qui fait dérailler le train. Il peut s’agir d’un rocher tombé d’une montagne, d’un objet placé intentionnellement sur la voie (plaques d’égouts, pièces métalliques,…), d’un véhicule sur un passage à niveau, d’une pièce tombée d’un train précédent ou du train lui-même, d’une pièce de l’infrastructure elle-même (comme l’éclisse à Brétigny). L’erreur humaine est rarement en cause dans cette hypothèse, sauf pour les collisions aux passages à niveau. Il peut s’agir aussi d’une défaillance du matériel roulant type rupture d’essieux, rupture d’une pièce mécanique sur le train etc. Ici, l’erreur humaine est rarement la cause directe de l’accident, mais il faut s’interroger sur les procédures et la réalisation des opérations de maintenance. Vient ensuite une défaillance des infrastructures : affaissement de la voie, rupture de rail ou encore un dépassement des vitesses autorisées voire un défaut de signalisation ou encore un incident de frein sur le matériel roulant.

Jean-Pierre COUR

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